L’étude

Les capacités humaines des collectivités locales :

le point de blocage de la décarbonation des bâtiments

Les collectivités locales sont en première ligne de la gestion des crises. Cela était vrai avec la crise du COVID, et cela l’est toujours avec la guerre en Ukraine et l’immigration massive qui en a résulté. L’urgence climatique est une crise et doit être traitée comme telle. Pour ce faire, les collectivités locales s’appuient sur leur personnel, ce qui implique de disposer d’un effectif local suffisamment important pour effectuer les tâches nécessaires.

Cependant, les collectivités locales ont du mal à recruter le personnel dont elles ont besoin en raison de plusieurs obstacles : des budgets de fonctionnement limités, des règles strictes sur la dette des administrations locales, la nécessité d’accroître l’attractivité de l’emploi, etc.  

L’Union européenne et les gouvernements nationaux ont besoin de services publics locaux forts en matière d’’énergie pour mener à bien la transition climatique. La décarbonisation des villes nécessite l’implication de nombreuses parties prenantes et touche différents secteurs. Cela est particulièrement vrai pour les bâtiments, qui sont des enjeux hyperlocaux. Aux Pays-Bas, une étude a été menée pour estimer le nombre d’employés supplémentaires qui seront nécessaires entre 2022 et 2030. Les résultats sont clairs : les besoins en personnel seront plus de deux fois supérieurs aux capacités actuelles, voire triplés pour les petites villes. Les postes à pourvoir sont variés : analystes de l’énergie, chefs de projet, urbanistes, ingénieurs, experts en engagement citoyen et des parties prenantes, conseillers en énergie, responsables de la communication, experts en bâtiments publics, experts en logement social, etc. 

Comment cela se passe-t-il au niveau européen ? Environ 2,5 postes à temps plein supplémentaires par collectivité locale et par an au cours des 9 prochaines années (y compris 2022), soit 214 000 nouveaux postes d’emploi locaux dans l’Union européenne. En termes de coûts pour les collectivités locales, cela représentera environ 16 milliards d’euros par an au niveau de l’UE, qui, en 2019, ne représentait que 3 % des dépenses publiques des collectivités locales. 

Environ 2,5 postes à temps plein supplémentaires par collectivité locale et par an au cours des 9 prochaines années.

COÛTS ET EMPLOYÉS SUPPLÉMENTAIRES
MOYENS POUR LES MUNICIPALITÉS PAR AN POUR
2022-2030 DANS LES PAYS DE L’UE

AT Austria | BE Belgium | BG Bulgaria | CY Cyprus | CZ Czechia | DE Germany | DK Denmark | EE | Estonia | EL Greece | ES Spain | FI Finland | FR | rance | ES Spain | HR Croatia | HU Hungary | IE | Ireland | IT Italy | LT Lithuania | LU Luxembourg | LV Latvia | MT Malta | NL Netherlands | PL | Poland | PT Portugal | RO Romania | SE Sweden | SI Slovenia | SK Slovakia

​Cependant, les gouvernements locaux devront faire face à une augmentation de 53 % des dépenses en employés dans leurs départements du bâtiment et du climat, ce qui représente un changement massif dans la priorité d’investissement. Néanmoins, investir dans le personnel local peut entraîner plus d’investissements et donc accélérer la décarbonisation. Les expériences en France et en Espagne sont encourageantes et montrent la voie, profitant non seulement aux citoyens, mais aussi aux municipalités.  

Il est donc nécessaire de recruter et de former du personnel local afin de disposer de services publics énergétiques locaux solides, de réaliser la transition climatique des bâtiments et d’accroître les investissements et les emplois locaux. Alors, quelles sont les clés pour accélérer le recrutement de nouveaux agents locaux ? 

Les clés pour accélérer le recrutement de nouveaux agents locaux

  1. Mettre en place des financements et encourager la coopération locale en réaffectant des budgets pour financer des postes de travail locaux, encourager la coordination locale ou régionale pour mutualiser les effectifs locaux, partager largement les bonnes pratiques locales liées à ce sujet. 
  1. Développer une véritable stratégie de ressources humaines pour les effectifs locaux en évaluant les besoins en personnel de chaque collectivité infranationale, en élaborant des plans pour attirer et faciliter le recrutement par les collectivités locales ou régionales et leurs organismes publics, en assurant la formation des agents chargés du climat et de l’énergie, en adaptant les programmes d’éducation et de formation pour répondre aux exigences du marché du travail. 
  1. Permettre aux gouvernements locaux et régionaux de développer leurs propres budgets verts et leur propre effectif en repensant l’organisation budgétaire au sein des villes afin d’augmenter les dépenses liées à l’énergie et au climat ; en supprimant les obstacles réglementaires pour faciliter les investissements, notamment en matière de ressources humaines, dans ces domaines ; en responsabilisant les villes par le biais de taxes environnementales locales.